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29 septembre 2011 4 29 /09 /septembre /2011 09:32

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De retour du Liban. J’y suis allée pour former et  élire les Princesses du Liban. Voici mon récit de voyage…

 

En quittant Beyrouth, par la route côtière du sud, au-delà de la ville de Damour, des sensations d’éternité m’envahissent à mesure que je roule vers les hauteurs du Chouf.


A mon arrivée, je suis accueillie par le comité de l’Académie des Princesses du Liban sur la place Dany Chamoun (appelée autrefois Midane).


Accolades amicales, poignées de main entre les organisateurs et Marie-France Lecherbonnier, ma mère, que j’accompagne dans cette mission et son directeur artistique, le célèbre vidéo décorateur Philippe Martin.


Quatre élégantes jeunes filles apparaissent : Maria, Jessica B, Solange, Jessica C.

Je les imagine immédiatement en train de  déambuler  au milieu des joutes oratoires et compétitions équestres du 16ème siècle, qui avaient lieu précisément sur la place publique où nous nous rencontrons.

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Pendant le déjeuner, nous organisons notre programme.  Trois jours durant, nous arpenterons les ruelles pavées de Der el Qamar et visiterons le palais des Emirs, caméra à l’épaule de Philippe. Certains sont habités mais ils restent  pourtant ouverts au public. D’autres sont devenus des musées. 

 

Au gré de nos promenades historiques, Marie-France enseignera aux candidates  la façon de se présenter, le maintien, le Savoir-vivre et le Protocole.


En sortant du restaurant, sur notre gauche, nous nous rendons vers les escaliers de Der el Qamar, donnant sur le célèbre portail vénitien de l’Emir Younees Man. Arrivée devant ce portail, Marie-France Lecherbonnier explique aux quatre jeunes filles qu’une belle maison  doit comporter au moins une pièce originale, même de nos jours.

  

Ce palais par exemple possède le portail le plus  travaillé de la région, même si ceux de Beiteddine ont aussi un très beau cachet.

   

Philippe Martin les filme en train de monter et descendre les escaliers, comme ma mère leur a demandé de le faire : « En talons aiguilles, mesdemoiselles, regardez le moins possible vos pieds et restez bien droite. Visualisez une ligne, posez la pointe du pied, puis le talon et recommencez jusqu’en bas.


 Pour monter un escalier, appuyez le bout du pied sur la marche et donnez  un élan au corps. Sachez que l’homme doit toujours passer devant la femme en montant comme en descendant un escalier». 

L’exercice terminé, nous repartons vers de nouvelles aventures.


Der el Qamar est bien entendu un lieu historique, du fait qu’il est la cité des Emirs mais c’est aussi un lieu moderne, habité par 10 000 habitants. Je ne peux que le constater en arrivant au musée des marionnettes, fondé par Michel Khattar.  Celui-ci regroupe l’ensemble des marionnettes, vedettes de la télévision libanaise depuis 1960.


Pendant que Philippe Martin les filme, Marie-France, inspirée par le côté ludique et enfantin des marionnettes, explique que le savoir-vivre  autrefois se confondait avec la morale et n’avait pour fonction que l’éducation des jeunes enfants, c’est-à-dire le respect, l’obéissance ainsi que le maintien à table.

  

Sachez que le mot Savoir-vivre  apparait en Occident, au 17 ème siècle, précisément en pleine période florissante de Der el Qamar. » la journée s’achève dans la bonne humeur.


Le lendemain, les jeunes filles nous font une surprise. Elles nous accueillent en tenue traditionnelle du Mont -Liban. Chacune est drapée dans une robe de soie noire, venue de Toscane. Nos quatre jeunes candidates, toutes étudiantes en droit, gestion, économie et graphique-design ressemblent ainsi en  princesses d’un autre temps !


Philippe leur demande de bien vouloir nous improviser un défilé de mode, dans le but de perfectionner leur maintien. Leurs regards en  disent long sur la fierté qu’elles ressentent de rendre hommage à toutes ces femmes de leur pays, qui ont, avant elle, porté ces habits. A la suite de ce défilé,  Marie-France leur explique  que pour recevoir, il faut avant  tout envoyer une invitation et que  pour un dîner mondain, l’invitation s’envoie deux semaines à l’avance.

  

L’invitation précise la tenue à porter, par exemple : cravate noire signifie que l’homme portera un smoking et la femme une robe habillée. Robe longue signifie évidemment une robe longue pour la femme et un habit pour l’homme. Au moment des présentations, il est important de préciser qui est la personne ou bien de marquer un intérêt particulier pour une action en cours qu’elle a accomplie.»


Nous poursuivons notre visite dans la forêt des ifs, laquelle donne sur la coupole de pendaison et le cimetière des émirs. « Ceux-ci avaient pour fonction de prélever les taxes pour les Turcs. C’est ainsi qu’ils préservaient leurs titres, m’explique une personne du comité de l’Académie. Jessica C. demande à Marie-France des précisions sur les titres de noblesse: « C’est à partir du XIIe siècle que la noblesse française se crée. Les ducs et les comtes forment la grande noblesse.

  

 L’état de noblesse s’attachait à la personne, le titre était attaché à la terre. Le titre  fait partie de l’état civil du noble  après homologation par une juridiction administrative. Ces titres nobiliaires obéissent à une hiérarchie stricte où  compte l’ancienneté de la famille. » 


Notre promenade nous entraîne vers le palais des Emirs et des princesses ayant régné au 16 ème et 17 ème siècle sur la ville.


Ce lieu majestueux  était coupé en deux. Le Prince et sa femme principale logeaient dans une aile tandis que le harem du Prince vivait dans l’autre. C’est lui qui leur rendait visite et non l’inverse.


L’une des fonctions principales du Prince et de sa cour était de recevoir des hôtes étrangers. Les ambassadeurs étaient toujours accompagnés de leurs épouses, lesquelles étaient très bien reçues par les femmes du Prince. « Qu’est-ce que le Protocole ? » demande Jessica B.  


« Concrètement le protocole, c’est un ensemble de règles, de rituels et de solennités à respecter. Le protocole qu’on appelle aussi le cérémonial , s’est forgé à l’occasion des rencontres entre les souverains. Signer un traité, négocier la paix ou conclure une alliance, tous ces actes remontent aux temps les plus anciens et se retrouvent dans toutes les sociétés.


Le protocole aujourd’hui à deux dimensions : Le protocole national détermine les préséances, le rang à respecter dans les cérémonies officielles de l’Etat, le protocole international depuis la convention de Vienne en 1815 règle les relations internationales. Il organise les préséances entre les ambassadeurs en fonction de leur ancienneté dans le pays où ils sont accrédités.


Dans chaque pays il y a un protocole défini par décret ou une loi pour hiérarchiser les corps constitués. »


Nous visitons les lieux, guidés par Solange et Jessica B., qui connaissent déjà les lieux, ayant fait des photos le matin même avec Philippe précisément dans ce palais. L’architecture des salons de ce  palais, comme tous ceux du Liban,  était conçue de façon à pouvoir entretenir des discussions à plusieurs.  C’est pourquoi  dans le salon, les banquettes sont adossées aux larges murs et le centre de la pièce reste vide.  « Nous retrouvons ce type de salon également en Europe. Prenez l’exemple de Versailles ! Les fauteuils étaient également adossés aux murs de la galerie du  château de louis XIV », précise Marie-France.

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Camil nous explique que « les Emirs attachaient une si grande importance à entretenir un style de vie international qu’ils empruntent aux Occidentaux leur façon de se tenir à table, notamment l’habitude systématique d’utiliser des couverts. »


 Marie-France précise que « les Occidentaux mangent, très tardivement  à la main, jusqu’au 17ème siècle, à l’époque de l’essor de Der el Qamar ! Auparavant, on saisissait les aliments avec ses doigts, trois dans la haute société, cinq dans le peuple. La fourchette, pourtant inventée en Toscane au 11ème siècle, n’apparait réellement sur  la table que sous Louis XIV. La fourchette à quatre dents devient alors symbole de raffinement dans la haute société.»   


A la suite de cette visite pendant laquelle Philippe fait de nombreuses photos des candidates  dans le but de préparer un diaporama sur chacune d’ entre elle, nous retournons au restaurant de la place.


Marie-France demande une nappe blanche, des assiettes, des verres et des couverts.  « Maintenant, Mesdemoiselles, dressez  sur cette table revêtue de la nappe blanche, votre couvert. Deux d’entre elles le dressent à la française, c'est-à-dire fourchette pointe sur la nappe et deux d’entre elles, à l’anglaise, c'est-à-dire pointe en l’air. Toutes les quatre ont donc raison. Ma mère rectifie quelques erreurs. La fourchette se place à gauche de l’assiette, le couteau et la cuillère à droite. L’assiette à pain se dispose à gauche de l’assiette. Lorsqu’on a terminé son assiette, il faut disposer les couverts parallèlement à l’intérieur de l’assiette. Les verres se disposent de gauche à droite ainsi : eau, vin rouge, vin blanc. Le service des plats se fait par la gauche. »


Nous terminons la journée par la visite du palais de l’Emir Fakhredine II, de style « khan » : autour d’une cour dallée agrémentée d’un bassin octogonal, s’ouvrent les chambres, cuisine et appartements.Ce palais regroupe actuellement le Musée de cire de Marie Baz. Tradition et modernité, voilà comment je résumerai ce lieu où sont exposées les statues des personnages des émirats de l’époque ainsi que celles  du monde contemporain. Philippe leur demande de jouer le rôle de la maîtresse de maison recevant des invités. A tour de rôle, elles viennent nous serrer la main,  nous présenter  comme si nous étions des invités. Marie-France commente leurs erreurs.


Le  lendemain, nous nous retrouvons au  Kaïssariyyé et le Kharj, devenu le centre culturel français. Ce lieu était autrefois  un marché public à ciel ouvert. Nos quatre demoiselles sont toutes  habillées d’un jean et d’un tee-shirt rose à l’effigie de «  l’Académie Princesses du Liban ».

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Philippe leur propose de composer une chorégraphie, qu’elles  accomplissent avec talent. Marie-France  leur enseigne comment se tenir droites.  « Pour une démarche élégante, faites une ligne droite avec le talon, la jambe et la colonne vertébrale », leur explique-t-elle.


L’exercice terminé, nous décidons de traverser le temps….A der el Qamar, pour ce faire, il suffit de traverser la rue ! Nous passons de la dynastie des Fakhredine à celle des Chéhab. La seconde détrôna la première au 19ème siècle.

 

Je me permets de souligner que cet Emir est célèbre en Europe car il a entretenu de nombreux liens avec les gouvernements  italien et français, même si le joug des Turcs l’a empêché de signer de nombreux accords de coopération, comme il l’aurait souhaité.


Les jeunes filles sont surprises par l’anachronisme  de son style de vie. En effet, l’architecture de son palais est  à la fois très moderne pour l’époque et en même temps moyenâgeuse. Marie-France leur rappelle qu’on doit appeler une Princesse  « Votre Altesse » ou « Votre Altesse Royale » ou « Votre Altesse Impériale », pour un prince souverain ou une princesse souveraine. 


Camil nous invite à finir l’après-midi chez lui.  J’apprends que sa maison est un spécimen de l’architecture de der el Qamar. Mais je retiens surtout qu’il est un artiste à mille facettes au vu de la décoration de la demeure. C’est en ce sens qu’il est le portrait typique des artistes de la région. Il explique aux jeunes filles combien il est important de poursuivre dans l’esprit et la culture d’une région, quelle qu’elle soit.


C’est pourquoi, m’explique Camil, «  l’académie leur a donné des cours d’architecture,  de tapisserie, de scénographie, de théâtre et autres...»


Notre mission touche à sa fin. Il est temps de vérifier la volonté de Solange, Jessica B, Jessica C. et Maria  de devenir Princesses du Liban. Nous organisons donc un casting avec elles.

 

En tant que journaliste et écrivain, ma mère me décerne le rôle de l’intervieweuse.

Mes questions sont :  

   

« Présentez-vous. »

« Après votre formation à l’Académie des Princesses du Liban, vous sentez-vous l’âme d’une princesse ? »

« Quelles sont les valeurs du Liban pour lesquelles vous sentez vous engagée et que voulez-vous faire pour le Liban ? »

   

Nous nous remercions mutuellement pour ces trois jours passés ensemble et nous donnons rendez-vous pour le lendemain, jour du dîner de gala. A la fin de cette soirée, une d’entre elle aura droit au titre d’ Altesse ! 

 

Maïna Lecherbonnier 

Der el Qamar, septembre 2011

 

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le site "Princesse du Liban" :http://www.princesseduliban.com

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